lide que la pierre. Que ce juif comprenne bien ce que c’est que le tribunal, et ce que c’est que le jugement du cadi.
Et le juif paya trente bourses au cadi. Celui-ci l’invita ensuite à embrasser Omer.
— Et pour qu’on ne revienne plus sur cette affaire, je vais, dit-il, l’écrire sur mon grand livre.
Après avoir baisé le tapis et les babouches du juge, les deux parties le remercièrent de son jugement équitable et de sa bonté paternelle, et quittèrent le tribunal.
Une porte se ferme, une autre s’ouvre. Rentre le vrai cadi : il se tordait de rire.
— Par ma barbe, tête de femme, je ne vois rien dans les livres d’aussi sage que toi ! Si tu étais homme, en vérité, il n’y aurait pas un cadi comme toi à Constantinople.
Meïra le remercia de la bonté qu’il avait eue de lui céder sa place, et lui offrit quinze bourses sur l’argent du juif si bien dépouillé.
Le cadi refusa et lui donna encore une bourse. Elle baisa le pan de son habit, remercia, quitta le tribunal et revint à sa maison avant Omer. Il s’était attardé au café. Le voyant arriver de la fenêtre, elle se met à le plaisanter.