sine, et se mit à regarder, à travers un carreau, ce qui allait arriver.
Notre cadi sans barbe avait déjà fumé un chibouk tout entier quand le juif et Omer entrèrent dans le tribunal ; ce dernier essuyait ses larmes. Ils firent le salut ordinaire et s’avancèrent. Plusieurs minutes se passèrent, pendant lesquelles le cadi tira cinq ou six bouffées de son chibouk.
Le Cadi. — Que voulez-vous de moi ?
Le Juif. — Nous sommes venus réclamer ton jugement, noble effendi !
Le Cadi. — Quelle affaire vous amène ?
Le juif alors expliqua au cadi comment, sept ans auparavant, il avait prêté à Omer trente bourses, et quel contrat ils avaient fait. Si la somme ne lui était pas rendue, il devait lui couper une drachme de sa langue, et c’était pour cela qu’ils étaient venus.
Le Cadi à Omer. — Est-ce vrai ? Comment t’appelles-tu ? A-t-il dit la vérité ?
Omer, pleurant. — Effendi, tout cela est la vérité même.
Le cadi ouvrit son livre et se mit à le feuilleter. Il s’arrêta sur une page et prit un air soucieux.
— Oui, c’est vrai, c’est ainsi qu’il est écrit