un homme qui avait les yeux couverts d’un bandeau.
— Seigneur, dit Long, c’est notre troisième camarade ; vous feriez bien de le prendre à votre service, il ne mangerait certes pas votre argent pour rien.
— Qui es-tu ? demanda le prince ; pourquoi as-tu les yeux bandés ? Tu ne vois pas ton chemin.
— Bien au contraire, seigneur ; c’est justement parce que je vois trop, que je suis obligé de me bander les yeux ; je vois aussi bien que s’ils n’étaient pas bandés ; quand j’ôte mon bandeau, ma vue pénètre au travers de tout ; tout ce que je regarde prend feu, et ce qui ne peut brûler éclate en mille pièces. Je m’appelle Clairvoyant.
Et il se retourna vers le rocher, ôta son bandeau, et fixa sur le rocher ses yeux ardents. Le rocher se mit à craquer, à éclater en morceaux ; en quelques instants, il n’en resta qu’un monceau de sable. Dans ce sable, quelque chose brillait comme du feu. Clairvoyant alla le ramasser, et rapporta au prince un morceau d’or pur.
— Tu es un gaillard impayable, dit le prince ; bien fou qui ne te prendrait à son