fusait de répondre à toutes les questions de ses amis.
— Personne, disait-il, ne peut me secourir ; laissez-moi.
Telle était toujours sa réponse.
Cependant la belle Meïra, dès les premiers jours qui avaient suivi le terrible contrat, en avait appris toutes les clauses de la bouche du juif lui-même. Si elle n’avait espéré y trouver remède, elle ne se serait pas mariée à Omer ; car quelle est la femme qui aimerait à avoir un homme sans langue ?
— Allons, il est temps, se dit Meïra ; prenons un bochtchaluk (un présent), et allons chez le cadi nous jeter à ses genoux.
Elle y alla deux fois.
« Cette femme me fait honte, dit le cadi. Elle a sans doute quelque faveur à me demander. C’est vraiment honteux. »
Quand vint le troisième jour, Meïra revint avec de plus beaux présents devant le cadi. Elle baisa le pan de son habit et voulut s’en aller. Mais le cadi ordonna à ses gardes de l’arrêter.
— Tête de femme, lui dit le cadi, tu m’as déjà fait trois fois honte. En quoi puis-je t’être agréable ? dis-le-moi.