Tandis qu’il cherchait à se consoler ainsi de ses peines, le renard était en train de chercher s’il ne pourrait pas encore escroquer quelque chose. Il se glissa dans une chaumière où les femmes étaient occupées à cuire des crêpes, se fourra la tête dans un seau de pâte, se la barbouilla bien, et se sauva. — Le loup le rencontra :
— Voilà donc tes leçons, drôle ! On m’a mis tout en marmelade.
— Eh ! mon pauvre petit frère, chez toi, ce n’est que le sang qui a coulé ; chez moi, c’est la cervelle. On m’a encore bien plus rossé que toi : regarde, j’ai peine à me traîner.
— C’est vrai, dit le loup ; où vas-tu ? Vraiment tu me fais peine, et je te pardonne. Assieds-toi sur moi, je te porterai.
Le renard s’assit sur le dos du loup, qui le porta. Et le renard chantonnait tout doucement : Celui qui a été battu porte celui qui n’a pas été battu.
— Qu’est-ce que tu chantes, frère ?
— Je chante : Celui qui a été battu porte celui qui a été battu.
— Ah ! c’est bien vrai, frère.