pour avoir de quoi acheter du pain et du sel.
Elle se met donc à mesurer la toile, les enfants se calment en la regardant, elle mesure, les aunes succèdent aux aunes, elle mesure sans cesse jusqu’au coucher du soleil. Des milliers d’aunes lui avaient passé entre les mains. Dans sa joie, elle remercia Dieu. Comme le Juif demeurait à l’autre extrémité du village et qu’elle voulait donner le plus vite possible à manger à ses enfants, elle prit quelques aunes de lin et courut les vendre à sa voisine la Blazkowa. L’autre les lui paya fort mal, mais avant tout il fallait nourrir les enfants. Le lendemain, il y avait foire à la ville ; la Janova y porta sa toile. Comme elle était bien serrée et bien lustrée, on la paya fort cher. La Janova revint de la ville avec toute espèce d’objets et un sac plein d’argent. Peu de temps après, elle acheta deux vaches, un bout de champ, une prairie ; elle eut des domestiques et travailla en louant Dieu.
Cette prospérité excita la jalousie de la Blazkowa. Elles mangeaient souvent ensemble, elles se traitaient de « ma commère » ; cependant la Blazkowa n’était pas des plus