n’allaient jamais ensemble à la même veillée ; l’une allait à droite, l’autre à gauche.
À l’une des extrémités du village, il y avait une chaumière abandonnée. Un soir, la belle-fille, en allant à la veillée, vit de la lumière dans cette chaumière ; elle entra par curiosité. À peine avait-elle franchi le seuil qu’un jeune seigneur, fort élégamment vêtu, la prit par la taille et voulut la faire danser. Elle eut si peur qu’elle fit le signe de la croix.
Le beau danseur la lâcha aussitôt, mais il la pria fort courtoisement de bien vouloir s’asseoir et filer ; il l’aiderait, disait-il, et si adroitement que jusqu’à minuit aucune fille n’aurait autant filé. En effet, elle se mit à filer, et, bien avant minuit, sa tâche était achevée.
— C’est fini, la belle fille, lui dit le gentilhomme. Allons, dansons un peu.
— Je ne danserai pas avant de m’être reposée et d’avoir mangé un peu.
Le beau cavalier courut aussitôt lui chercher toutes sortes de friandises. Quand elle eut mangé, il lui dit :
— Tu as filé et mangé, dansons maintenant.
— Merci, lui dit-elle, j’ai filé, mangé ; mais je ne danserai pas avant d’avoir bu.