La femme sortit pour aller chercher de l’eau. Resté seul, le mari se prit à réfléchir : « Ma femme est terriblement bavarde ; demain tout le village saura notre secret. » Il ôta le trésor de sa cachette et alla l’enfouir dans sa grange, sous une meule de blé, puis il nivela bien le plancher de sa chaumière.
La femme, aussitôt arrivée à la fontaine, n’avait pas manqué de raconter à sa voisine la merveilleuse trouvaille.
— Surtout, avait-elle ajouté, gardez-moi bien le secret. Mais Dieu sait si la commère avait bonne langue.
Ce n’était pas tout d’avoir changé la cachette, il fallait dépister les curieux.
Quand la femme rentra, le mari lui dit fort sérieusement :
— Demain, nous irons dans la forêt chercher du poisson : on dit qu’il y en a beaucoup en ce moment.
— Comment ! du poisson dans la forêt ?
— Sans doute, tu verras bien.
— Soit ; mais je n’ai encore rien vu de pareil.
Le lendemain matin, le mari se leva avant le jour, et prit des poissons qu’il avait cachés dans un panier ; puis il alla faire chez l’épi-