rien, se mit dans une colère affreuse et se jeta sur son fils avec un couteau. Le jeune homme s’enfuit et alla trouver ses frères, qui lui demandèrent le résultat de l’entretien.
— Allez-y voir vous-mêmes, si vous êtes plus malins que moi.
Le second entra dans la chambre, et fut aussi mal reçu que lui ; il s’enfuit comme lui et envoya le cadet, le nigaud.
Il entra dans la chambre et dit à son père :
— Mes frères n’ont pas voulu me dire ce que tu leur as répondu ; dis-moi pourquoi ton œil droit rit toujours et pourquoi ton œil gauche pleure.
Le père éclate en fureur saisit son couteau ; mais le nigaud ne bouge pas ; il sait bien qu’il n’a rien à craindre de son père.
— À la bonne heure, tu es mon vrai fils ; les autres sont des poltrons. Je vais satisfaire ta curiosité. Mon œil droit rit parce que je suis content d’avoir des fils tels que vous ; mon œil gauche pleure parce qu’on m’a volé un précieux trésor. J’avais dans mon jardin une vigne qui me fournissait un tonneau de vin par heure. On me l’a volée, et il m’est impossible de la retrouver ; voilà pourquoi je pleure.