Il se ramasse, va s’asseoir et se met à penser.
— Ah ! imbécile, ah ! nigaud que je suis ! Où a-t-on jamais vu que la viande vivante sautât d’elle-même dans la gueule du loup ?
Il s’en retourne trouver Dieu.
— Seigneur Dieu ! Seigneur Dieu ! donne-moi quelque chose à manger.
— Imbécile. Que faire de toi ? Tiens ! là-bas sur la route, un homme a laissé tomber du lard. Il est à toi ; il ne t’échappera pas.
Le loup court et trouve le lard. Il s’assied et réfléchit.
— Manger le lard ; c’est bien, mais il est salé : j’ai déjà soif. Allons d’abord boire…
Pendant qu’il est à la recherche du ruisseau, l’homme s’aperçoit qu’il a perdu son lard, revient sur ses pas et le ramasse. Le loup arrive ; plus de lard. Il s’assied et se met à pleurer.
— Ah ! imbécile, ah ! nigaud que je suis, pourquoi diable aller boire avant d’avoir mangé ?
Il retourne chez Dieu.
— Tu m’ennuies, à la fin, lui dit le Seigneur, avec ton éternel appétit. Tiens, va-t-en là-bas, près du village.