quelque chose à me mettre sous la dent, ou je crèverai de faim.
— Comment, tu n’as point eu assez de la jument ?
— Belle affaire vraiment de l’écorcher vivante, elle a failli me briser les mâchoires.
— Alors Dieu lui dit : Va dans la vallée. Là paît un gros bélier ; mange-le.
Le loup s’en alla. Le bélier paissait en effet dans la vallée.
— Bonjour, bélier, Dieu m’a dit de te manger.
— Me manger ! Qui donc es-tu, toi ?
— Un loup.
— Tu mens : tu es un chien ; mais, si tu es un loup, comment feras-tu pour me manger ?
— Comment ! je commencerai par la tête.
— Eh ! loulou mon ami. Écoute, si tu veux me manger, mets-toi là, en haut du talus ; ouvre la bouche, j’y sauterai de moi-même.
Le loup s’assied sur le talus, ouvre une grande gueule et attend.
Le bélier bondit, lui enfonce les cornes dans le nez, et maître loup dégringole en bas du talus.