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CONTES SLAVES

Le loup s’en va. Hop ! hop ! Il fallait voir comme il courait.

— Bonjour, jument ! Dieu m’a dit de te manger.

— Toi me manger ? qui donc es-tu ?

— Le loup.

— Tu mens. Tu n’es qu’un chien.

— Mais si, un loup.

— Un loup, soit. Eh bien ! par quel côté vas-tu commencer à me manger ?

— Par la tête.

— Eh ! non pas, mon loulou. Si tu veux me manger, commence par la queue ; pendant que tu mangeras ma croupe, je continuerai de paître ; cela m’engraissera.

— Fort bien, dit le loup.

Et le voilà qui se met en devoir d’attaquer la queue ; la jument lui flanque une ruade qui lui met le museau en marmelade et lui fait voir trente-six chandelles. Il fallait voir la jument, ruant à droite et à gauche debout sur les pieds de devant.

Le loup va s’asseoir dans un coin.

— Imbécile, nigaud que je suis, pourquoi ne l’avoir pas empoignée à la gorge ?

Il s’en retourne trouver Dieu.

— Seigneur miséricordieux, donne-moi