Le berger ouvrit la bouche et le roi des serpents lui cracha sur les lèvres, puis il lui ordonna de cracher sur les siennes. Et ils crachèrent ainsi par trois fois.
Quand cette cérémonie fut finie, le roi des serpents dit au berger :
— Tu as maintenant ce que tu désirais ; va-t’en en paix ; mais garde-toi d’en rien dire à personne ; sinon, tu mourras.
Et le berger s’en alla. En repassant par la forêt, il comprenait ce que disaient les oiseaux dans les arbres et les insectes dans les herbes, tout en un mot. Arrivé auprès de son troupeau, il le trouva au complet et s’assit pour se reposer. Survinrent deux corbeaux qui se posèrent sur un arbre voisin et se mirent à converser en leur langue :
— Si ce berger savait que là où est couché son agneau noir, il y a dans la terre un caveau plein d’or et d’argent, il le déterrerait.
Ayant entendu ces paroles, le berger alla dire la chose à son maître ; ils attelèrent une voiture et déterrèrent le trésor. Le maître était un homme pieux ; il donna le tout au berger : C’est Dieu, dit-il, qui te l’a envoyé. Va, bâtis une maison, marie-toi et vis heureux.