veau devant lui le prince Inespéré. Les jeunes filles étaient déjà rangées en ligne, toutes portant le même costume et les yeux baissés. Le prince regarde et s’étonne de leur parfaite ressemblance. Il passe deux fois devant elles, il ne voit pas le signe convenu. Enfin, la troisième fois, il aperçoit la bête à bon Dieu.
— Voici la plus jeune, s’écrie-t-il.
— Comment diable as-tu deviné ? lui demanda Kostieï furieux ; il y a là-dessous quelque sortilège. Je vais te soumettre à une épreuve d’un autre genre. Dans trois heures, tu viendras ici, et en ma présence, tu nous montreras ton talent. J’allumerai un brin de paille, et, avant qu’il soit brûlé, tu feras une paire de bottes. Sinon, tu mourras.
Le prince retourna fort peu satisfait dans son appartement. L’abeille y était déjà.
— Pourquoi donc as-tu l’air si soucieux, mon beau prince ?
— Comment n’aurais-je pas l’air soucieux quand ton père veut que je lui fasse une paire de bottes ? Me prend-il pour un cordonnier ?
— Que comptes-tu faire ?
— Pas des bottes, à coup sûr ? Je n’ai pas peur de la mort : on ne meurt qu’une fois.