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Cette civilisation primitive n’a donc pas progressé depuis la conquête de Kazan par les Russes. C’est presque le contraire que l’on pourrait soutenir. Où les Tartare auraient puisé en effet ces éléments de culture indispensables à la vie d’un peuple ? Chez les Russes ? Ceux-ci les tenaient à l’écart et se plaisaient, peut-être pour mieux soutenir leur domination à les laisser vivre dans l’ignorance ; et du reste, au début de cette domination, les Russes n’étaient guère plus éclairés qu’eux-mêmes : même ignorance, même fanatisme, mêmes persécutions exercées par les uns au nom de Mahomet, par les autres au nom de la religion orthodoxe et de tous les saints. Chez les Orientaux ? Ceux-ci n’envoyaient plus à Kazan depuis 1552 que leurs commerçants. De plus les quelques descendants de l’aristocratie tartare qui avaient échappé aux massacres, qui suivirent la conquête et qui auraient pu exercer sur la masse du peuple une influence civilisatrice se convertirent au christianisme et furent confondus immédiatement dans l’aristocratie moscovite.

Il nous suffira donc, pour connaître les mœurs et coutumes des Tartares de cette époque, d’étudier les usages des Tartares contemporains, et de les examiner surtout dans leurs conceptions de l’éducation et du mariage.

La ville tartare ou plutôt le quartier tartare de Kazan, qui se trouve auprès du joli lac de Kabane, est composé de quelques rues larges avec de jolies maisons de maître en pierre et en bois, d’un grand bazar avec des boutiques de toutes espèces, de quinze mosquées et de plusieurs colléges et écoles. Il y a à-peu-près, trente mille Tartares à Kazan. Les colléges ou « médressé » sont au nombre de onze ; ils ont été fondés et sont entretenus aux frais des Tartares ; puis il existe cinq écoles primaires