Page:Lébédeff - Abrégé de l’Histoire de Kazan, 1899.djvu/71

Cette page n’a pas encore été corrigée

confessèrent et communièrent. On envoya une dernière fois des parlementaires pour inviter la ville à se rendre. Les Russes reçurent la réponse suivante : « Vous êtes déjà sur la tour et sur la muraille, mais nous ne vous craignons pas, nous mourrons tous ou nous sauverons notre ville. »

À l’aube de la date désormais historique du 2 octobre 1552, les détachements occupèrent les positions indiquées pour l’assaut. Les habitants de la ville s’aperçurent du mouvement général dans le camp russe et commencèrent à se préparer à une défense désespérée. La lutte séculaire, léguée au xvie siècle, commencée du temps de la puissance du royaume boulgare et de la gloire sanguinaire de celui de Kyptchak (ou Comans), allait enfin se terminer.

Ce matin-là le Tzar Jean avait écouté la messe dans son église ambulante. On lisait l’Évangile. À peine le diacre eut-il prononcé les paroles suivantes : « Et il n’y aura qu’un troupeau et un pasteur, » qu’on entendit le tonnerre de l’explosion de la première mine, conduite vers la partie-ouest de la ville aux environs du lac Pourri. On suppose que cette mine n’avait été faite que pour détourner l’attention des Kazaniens du champ d’Arsk, d’où devait partir l’attaque principale. Cette explosion fut bientôt suivie d’une seconde provenant de la mine conduite du champ d’Arsk à la Porte Royale. Un épais nuage d’une fumée étouffante enveloppa tout Kazan. Les soldats russes assaillirent la ville furieus ment en criant : « Dieu est avec nous ! » On entendait sur la muraille le cri de : « Allah, Allah ! » de la part des Kazaniens qui dans leur bravoure préféraient la mort à la ruine de leur patrie.