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Les Kazaniens ne trouvèrent point commode de rester sans souverain, en vue de l’invasion inévitable des Russes. Ils envoyèrent donc chercher un Khan dans les campements nogaï, et s’arrêtèrent sur le prince d’Astra khan, Ediguère, qui vint à Kazan, accompagné d’une troupe nogaï.

Les voïvodes russes s’efforcèrent, en vain, de l’arrêter en chemin ; le nouveau Khan arriva en été dans sa nouvelle capitale. Il y eut encore d’autres raisons qui rendirent le courage aux patriotes kazaniens. Les émissaires de Kazan réussirent à révolter contre Moscou toutes les tribus hétérogènes de la contrée montagneuse, qui peu de temps auparavant avaient prié le Tzar de les prendre sous sa domination ; la perte de ces sujets nouvellement acquis fut très sensible aux Russes, puisqu’elle les privait d’une arrière-garde, et leur fermait les voies vers la Russie, et par contre apportait aux Kazaniens un renfort considérable dans leur lutte avec le Tzar. À Svyajsk les affaires des Russes n’allaient pas bien non plus ; l’éloignement de la Russie, du foyer domestique, les conditions de la vie dans un pays de mœurs et de religion différentes, démoralisèrent à tel point les troupes, que le clergé dut s’en mêler et y mettre ordre ; la dangereuse maladie du scorbut vint s’ajouter aux maux existants en faisant périr les soldats en masse. Le 3 juillet 1552 les troupes russes quittèrent Kolomna, et le 13 août le Tzar Jean IV était déjà à Svyajsk, d’où il envoya des lettres à Kazan ; il exigeait la soumission de la ville et voulut qu’on lui livrât les rebelles. Sans attendre de réponse, l’armée russe traversa le Volga le 16 et trois jours après, le Tzar se trouva avec ses forces principales de l’autre côté du fleuve. Une grande