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pour la route, quittèrent Kazan en telle foule qu’on pût les comparer à un nouvel « exode d’Israël ».

Le nouveau Khan, que ses sujets n’avaient jamais aimé, ne pouvait point donner de tranquillité à son royaume. Bientôt du reste des différends éclatèrent entre Moscou et Kazan. Jean IV n’avait donné à Schah-Ali que le côté des prairies du royaume de Kazan, tandis qu’il avait annexé à la Russie le côté montagneux, qu’il fit inscrire au district de Svyajsk. Le nouveau Khan, aussi bien que les Kazaniens ne pouvaient se faire à l’idée de perdre la plus belle partie du pays. Schah-Ali commença à donner des ennuis au Tzar en lui parlant de la restitution du côté montagneux ; il ajoutait qu’il craignait une révolte de ses sujets. Cette crainte était fondée.

Le Khân en effet apprit bientôt que les Kazaniens recommençaient à entrer en pourparlers avec la Horde de Nogaï et avaient le désir de le tuer avec tous les Russes qui se trouvaient à Kazan. Schah-Ali envoya des messagers à Moscou pour annoncer cette nouvelle au Tzar. Sur ces entrefaites Schah-Ali, ayant peur que l’aide du Tzar ne tardât à venir, se décida à en finir d’un coup avec tous les rebelles : il invita à un festin soixante dix des seigneurs qu’il soupçonnait de rébellion et les fît égorger par les tirailleurs russes qui formaient sa garde. Cet acte de cruauté ne fut que le signal de bien d’autres monstruosités : pendant deux jours, la ville fut arrosée du sang des coupables et des innocents. Les Kazaniens furent saisis d’effroi : beaucoup prirent la fuite. Le Tzar Jean fut outré de la cruauté de son protégé. Il envoya le prince Adacheff à Kazan pour déclarer à Schah-Ali qu’on enverrait les troupes russes dans sa capitale. « Je comprends très bien, » répondit le Khan,