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On pourrait croire que les voïvodes russes auraient su recueillir cette fois, les fruits de leur victoire. Il n’en fut rien. Ils ne surent pas faire bonne garde comme il le fallait autour de leur « convois » qui furent enlevés par les Tchérémisses ; les Russes y perdirent 70 fusils et beaucoup de guerriers. Le pusillanime Prince Belsky eut de nouveau la faiblesse d’accepter les propositions pacifiques et les cadeaux du Khan, au moment même où Kazan était sur le point de se rendre. On dit que le Grand-Duc Vassily en fut tellement courroucé, qu’il avait déjà décrété la sentence de mort du Prince (son neveu par sa mère) lorsque le métropolitain vint, une seconde fois, implorer son pardon qu’il réussit encore à obtenir.

Quelques temps après, les ambassadeurs de Kazan arrivèrent à Moscou en suppliant le Grand-Duc Vassily de pardonner à leur Khan et à leur peuple. « Le bandeau est tombé de nos yeux », disaient-ils, « et nous avons compris qu’il nous est indispensable d’obéir à Moscou ». Mais Séfa-Guiray essayait encore de se soustraire aux exigences de la cour de Moscou. Lorsque les boyards reprochèrent leur perfidie aux ambassadeurs de Kazan, le Prince Tagaï répondit : « Nous vous entendons, mais nous ne sommes point des traîtres et nous voulons être fidèles au Grand-Duc. Notre pays est dans la détresse et l’épouvante. Séfa-Guiray fait ce qu’il veut avec ses hommes de la Crimée et ses Nogaï ; il déconcerte les esprits des Kazaniens, ne tient pas sa parole et nous couvre de opprobre. Nous chasserons Séfa-Guiray, et nous prierons le Grand-Duc de nous choisir un souverain ».

Ne pouvant vaincre l’entêtement de Séfa-Guiray, le prince Tagaï assembla un conseil de seigneurs Kazaniens pour les persuader de détrôner ce Khan.