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haut sur le parcours de la rivière Kazanka[1]. Le prince Kourbsky en parle dans sa description du siége de Kazan de 1552, ce qui prouve que le premier soin d’Oulou-

  1. Voici les légendes que l’on a conservées au sujet de la fondation de Kazan et qui ne manquent pas d’intérêt. Les serpents y jouent un rôle prépondérant, et il est à remarquer que le mythe des serpents a été de tous temps assez répandu chez tous les peuples. Si nous voyons dans l’histoire de la culture humaine des exemples d’adoration de serpents ou « ophiolatrie », nous savons aussi que le serpent a été regardé comme la personnification du mal et du principe destructeur, depuis les temps les plus reculés. Le serpent ailé ou dragon, le Bergenwort des légendes germaniques et le Zmey-Gorynitch des légendes ou « bylines russes », présente un des motifs favoris de l’épopée nationale. Le symbolisme des premiers siècles du christianisme a fait du serpent ou du dragon l’emblème du diable, de l’enfer, l’ennemi du bien et de la vertu. La victoire remportée sur les serpents et la destruction de leurs nids, sont le symbole du triomphe de la vertu sur le principe impur, la victoire de la lumière sur les ténèbres, du bien sur le mal, et dans la langue des peuples musulmans, elle représente la victoire de l’Islam sur le paganisme des aborigènes idolâtres du pays conquis. Nous avons lieu de supposer que les habitants de la contrée du Volga-Kama n’étaient point étrangers au culte des serpents. L’arabe Ibn-Fadlân, qui avait visité la Boulgarie septentrionale au xe siècle, témoigne de ce que ce pays abondait en serpents que personne ne détruisait. Une « histoire de Kazan d’un auteur inconnu raconte que du temps de l’existence indépendante de Kazan il se trouvait sur la rive droite du fleuve Kama, un bourg qui portait le nom de « Ville du Diable »(*).

    Il était habité par un « diable » qui prophétisait, et des foules d’hommes et de femmes s’y rassemblaient et lui faisaient des sacrifices en échange de prophéties. Trois ans avant la chute de Kazan, la reine Suyun-biké envoya demander cet oracle, si sa

(*) Il y a de nos jours un village de ce nom au district de Elaboûga, dans la province de Viâtka.