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voitures. Quand la voiture de la « Khatoûn » s’est arrêtée auprès du camp de l’Emir, elle est descendue à terre ; une trentaine de jeunes filles, descendues de leurs voitures, relevaient sa traîne. Il y avait des mailles cousues à ses vêtements que chaque jeune fille prenait en main pour tenir sa traîne, pendant qu’elle marchait lentement en se balançant avec grâce. Quand elle se fut approchée de l’Emir, il se leva, lui fit un salut respectueux et lui offrit la main pour la faire asseoir à côté de lui ; les jeunes filles l’entourèrent. On apporta des outres avec du « koumvss » ;[1] elle en versa dans un bol, se mit à deux genoux devant l’Emir, et le lui présenta. Il le but. Puis elle servit à boire au frère de l’Emir ; tandis que l’Emir lui donnait à boire à elle. On apporta différents plats, dont elle mangea avec l’Emir. Il lui fit présent d’une robe, après quoi elle repartit pour son camp. C’est ainsi qu’on traitait les femmes des Emirs ; plus tard nous verrons comment on agissait avec les femmes du Khan. J’ai vu aussi les femmes de marchands. L’une d’elles allait en voiture attelée d’un cheval ; trois ou quatre jeunes filles étaient assises vis-à-vis d’elle pour relever sa traîne quand elle marchait. Elle portait sur la tête un « bougtak », c’est à dire une calotte ornée de pierres précieuses, surmontées de plumes de paon. Les glaces de sa voiture étaient ouvertes ; sa figure était découverte, parce que les femmes turkmènes ne se voilent pas. Quelques unes d’entre elles vont de la même manière au marché, avec leurs serviteurs, pour y vendre des brebis et du lait en échange de parfums. Quelquefois le mari accompagne sa femme ; mais à le voir, on le prendrait pour un de

  1. Lait de jument fermenté. Les Tartares en prennent encore de nos jours, et il est considéré comme un excellent traitement pour la phtysie.