Page:L'homme, cet inconnu.djvu/379

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
353
LA RECONSTRUCTION DE L'HOMME

les biologistes éprouvent souvent la tentation de revenir aux conceptions mécanistiques du dix-neuvième siècle, qui sont commodes. Nous évitons ainsi d'aborder les sujets vraiment difficiles. Les sciences de la matière inerte sont, indispensables à l'étude de l'organisme vivant. Elles sont aussi indispensables au physiologiste que la connaissance de la lecture et, de l'écriture à l'historien. Mais ce sont les techniques et non les concepts de ces sciences qui sont, applicables à l’homme. L'objectif des biologistes est l'organisme vivant, et non des modèles, ou des systèmes artificiellement isolés. La physiologie générale, comme la comprenait Bayliss, est une petite partie de la physiologie. Les phénomènes organiques et mentaux ne peuvent pas être négligés.

Nous savons que la solution des problèmes humains est lente, qu’elle demande la vie de plusieurs générations de savants, Et qu'il y a besoin d’une institution capable de diriger de façon ininterrompue les recherches d’où dépend l'avenir de notre civilisation, Nous devons donc chercher le moyen de donner à l'humanité une sorte d’âme, de cerveau immortel, qui intégrerait ses efforts et donnerait un but à sa marche errante. La création d’une telle institution constituerait un événement de grande importance sociale. Ce foyer de pensée serait composé, comme la Cour Suprême des États-Unis, d’un très petit nombre d'hommes. Il se perpétuerait lui-même indéfiniment, et ses idées resteraient toujours jeunes. Les chefs démocratiques, aussi bien que les dictateurs, pourraient puiser à cette source de vérité scientifique les informations dont ils ont besoin pour développer une civilisation réellement, humaine.

Les membres de ce haut conseil seraient libres de toute recherche, de tout enseignement. Ils ne feraient,

23