Page:L'homme, cet inconnu.djvu/364

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
II

NÉCESSITÉ D'UN CHANGEMENT D'ORIENTATION INTELLECTUELLE. — L'ERREUR DE LA RENAISSANCE. — LA PRIMAUTÉ DE LA MATIÈRE ET CELLE DE L'HOMME.

Nous ne pouvons pas entreprendre la restauration de nous-mêmes et de notre milieu avant d'avoir transformé nos habitudes de pensée. En effet, la société moderne a souffert dès son origine d'une faute intellectuelle. Faute que nous avons répétée sans cesse depuis la Renaissance. La technologie a construit l’homme, non pas suivant l'esprit de la science, mais suivant des conceptions métaphysiques erronées. Le moment est venu d'abandonner ces doctrines. Nous devons briser les barrières qui ont été élevées entre les propriétés des objets. C’est en une mauvaise interprétation d’une idée géniale de Galilée que consiste l'erreur dont nous soufrons aujourd’hui. Galilée distingua, comme on le sait, les qualités primaires des choses, dimensions et poids, qui sont susceptibles d’être mesurées, de leurs qualités secondaires, forme, couleur, odeur, qui ne sont pas mesurables. Le quantitatif fut séparé du qualitatif. Le quantitatif, exprimé en langage mathématique, nous apporta la science. Le qualitatif fut négligé. L'abstraction des qualités primaires des objets était légitime. Mais oubli des qualités secondaires ne l'était pas. Il eut des conséquences graves pour nous. Car, chez l’homme, ce qui ne se mesure

338