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L'HOMME, CET INCONNU

énergiques et nobles sont étouffés par la foule des prolétaires dont l'industrie a, de façon aveugle, provoque l'accroissement. Ils sont en petit nombre. Mais la faiblesse de leur nombre n'est pas un obstacle à leur succès. Car ils possèdent, à l’état virtuel, une merveilleuse force. Il faut nous souvenir de ce que nous avons accompli depuis la chute de l'Empire romain. Dans le petit territoire des États de l’ouest de l'Europe, au milieu des combats incessants, des famines, eb des épidémies, nous sommes parvenus à conserver, pendant tout le moyen âge, les restes de la culture antique. Au cours des longs siècles obscurs, notre sang a ruisselé de toutes parts pour la défense de la chrétienté contre nos ennemis du Nord, de l'Est et du Sud. Grâce à un immense effort, nous avons réussi à échapper au sommeil de l'islamisme. Puis un miracle s’est produit. De l'esprit des hommes formés par la discipline scolastique la science a jailli. Et, chose plus extraordinaire encore, la science a été cultivée par les hommes d'Occident, pour elle-même, pour sa vérité et sa beauté, avec un désintéressement complet. Au lieu de végéter dans l’égoïsme individuel, comme en Orient et surtout en Chine, elle a, en quatre cents ans, transformé notre monde. Nos pères ont accompli une œuvre unique dans l’histoire de l’humanité. Les hommes qui en Europe et en Amérique descendent d'eux, ont, pour la plupart, oublié l'histoire. Il en est de même de ceux qui profitent aujourd’hui de la civilisation matérielle construite par nous. Des blancs qui jadis ne combattirent pas à nos côtés sur les champs de bataille d'Europe, et des jaunes, des bruns et des noirs, dont le flot montant alarme trop Spengler. Ce que nous avons réalisé une première fois, nous sommes capables de l’entreprendre de nouveau. Si notre civilisation s’écroulait, nous