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L’HOMME, CET INCONNU

instinctivement dans l’univers la clarté et l’exactitude de notre pensée. Nous essayons d’abstraire de la complexité des phénomènes des systèmes simples, dont les parties sont unies par des relations susceptibles d’être traitées mathématiquement. C’est cette propriété de notre intelligence qui a causé les progrès si étonnamment rapides de la physique et de la chimie. Un succès analogue a signalé l’étude physico-chimique des êtres vivants. Les lois de la chimie et de la physique sont identiques dans le monde des vivants et dans celui de la matière inanimée, ainsi que le pensait déjà Claude Bernard. C’est pourquoi on a découvert, par exemple, que les mêmes lois expriment la constance de l’alcalinité du sang et de l’eau de l’Océan, que l’énergie de la contraction du muscle est fournie par la fermentation du sucre, etc. Il est aussi facile d’étudier l’aspect physico-chimique des êtres vivants que celui des autres objets de la surface terrestre. C’est la tâche qu’accomplit avec succès la physiologie générale.

Quand on aborde les phénomènes physiologiques proprement dits, c’est-à-dire ceux qui résultent de l’organisation de la matière vivante, on rencontre des obstacles plus sérieux. L’extrême petitesse des choses à étudier rend impossible l’application des techniques ordinaires de la physique et de la chimie. Par quelle méthode découvrir la constitution chimique du noyau des cellules sexuelles, des chromosomes qu’il contient, et des genes qui composent ces chromosomes ? Ce sont, cependant, ces minuscules amas de substance dont la connaissance serait d’un intérêt, capital, car ils contiennent l’avenir de l’individu et de l’humanité. La fragilité de certains tissus, tels que la substance nerveuse, est si grande que leur étude à l’état vivant est presque impossible.