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L'INDIVIDU

forts. Ils sont aidés et protégés, souvent admirés. Ce sont, également les malades, les criminels, et les fous qui attirent la sympathie du public. C’est le mythe de l'égalité, l'amour du symbole, le dédain du fait concret qui, dans une large mesure, est coupable de l’affaissement de l'individu. Comme il était impossible d'élever les inférieurs, le seul moyen de produire l'égalité parmi les hommes était de les amener tous au plus bas niveau. Ainsi disparut la force de la personnalité.

Non seulement le concept d’individu a été confondu avec celui d’être humain, mais ce dernier a été adultéré par l'introduction d'éléments étrangers, et privé de certains de ses éléments propres. Nous lui avons appliqué les concepts qui appartiennent au monde mécanique. Nous avons ignoré la pensée, la souffrance morale, le sacrifice, la beauté, et la paix. Nous avons traité l'homme comme une substance chimique, une machine, ou un rouage de machine. Nous l'avons amputé de ses activités morales, esthétiques, et religieuses. Nous avons aussi supprimé certains aspects de ses activités physiologiques. Nous ne nous sommes pas demandé comment les tissus et la conscience s’accommoderaient des changements de l'alimentation et du mode de vie. Nous avons totalement négligé le rôle capital des fonctions adaptives et la gravité des conséquences de leur mise au repos. Notre faiblesse actuelle vient, à la fois, de la méconnaissance de l’individualité et de l'ignorance de la constitution de l'être humain.