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L'HOMME, CET INCONNU

intellectuel et affectif. Les intellectuels sont émotifs, passionnés, entreprenants, et aussi lâches, irrésolus, faibles. Parmi eux, le type mystique est très rare. La même multiplicité de combinaisons apparaît dans les groupes à tendances morales, esthétiques et religieuses. Une telle classification nous montre simplement la prodigieuse variété des types humains[1]. L'étude de l’individualité psychologique est aussi décevante que serait celle de la chimie, si le nombre des corps simples devenait infini.

Chacun de nous a conscience d’être unique. Cette unicité est réelle. Mais il existe de grandes différences dans le degré de l'individualisation. Certaines personnalités sont très riches, très fermes. D’autres sont faibles, modifiables suivant le milieu et suivant les circonstances. Entre le simple affaiblissement de la personnalité et les psychoses, il y a une longue série d'états intermédiaires. Quelques névroses donnent à leurs victimes le sentiment de la dissolution de leur personnalité. D’autres maladies la détruisent réellement. L’encéphalite léthargique produit des lésions cérébrales qui amènent des changements profonds de l'individu. Il en est de même de la démence précoce, de la paralysie générale. Dans d’autres maladies, les modifications psychologiques sont seulement temporaires. L'hystérie détermine parfois le dédoublement de la personnalité. Le malade devient deux individus différents. Chacune de ces personnes artificielles ignore ce que fait l’autre. On peut également déterminer pendant le sommeil hypnotique des modifications de l'identité du sujet. Si on lui impose par suggestion une autre personnalité, il en prend les

  1. Georges Dumas, Traité de Psychologie, 1924, t. II, livre II, chapitre III, p. 575.