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L'INDIVIDU

ne s’accommodent pas des humeurs d’un autre individu.

L’individualité tissulaire se manifeste de la façon suivante. On place à la surface d’une plaie des fragments de peau empruntés, les uns au patient lui-même, les autres à un ami ou à un parent. Au bout de quelques jours, les greffons appartenant au patient adhèrent à la plaie et s’agrandissent. Les greffons étrangers se décollent et disparaissent. Les premiers survivent et les seconds meurent. Il arrive très exceptionnellement que deux individus soient assez semblables pour pouvoir échanger leurs tissus. Autrefois, Cristiani transplanta chez une petite fille, dont la glande thyroïde fonctionnait mal, des fragments de la thyroïde de sa mère. L'enfant guérit. Au bout d'une dizaine d'années, elle se maria et devint enceinte. Les greffons étaient encore vivants. Ils se mirent alors à augmenter de volume, comme le fait en pareille circonstance la glande thyroïde normale. Entre deux jumeaux identiques des transplantations glandulaires se feraient sans doute avec succès. En règle générale, les tissus d’un individu refusent d’accepter ceux d’un autre individu. Dans la transplantation du rein, par exemple, lorsque la circulation sanguine est rétablie par la suture des vaisseaux, l'organe fonctionne immédiatement. Il se comporte d’abord de façon normale. Au bout de quelques semaines cependant, de l'albumine, puis du sang apparaissent dans l'urine. Et une maladie, semblable à la néphrite, amène rapidement l’atrophie du rein. Mais si l’organe greffé appartient à l'animal lui-même, il reprend intégralement et de façon permanente ses fonctions. Les humeurs reconnaissent, dans les tissus étrangers, des différences de constitution qui ne sont décelables par aucune autre épreuve. Les tissus sont