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VIII

L'UTILISATION DU CONCEPT DU TEMPS INTÉRIEUR. — LA DURÉE DE L'HOMME ET CELLE DE LA CIVILISATION. — L'ÂGE PHYSIOLOGIQUE ET L'INDIVIDU.

La durée fait partie de l’homme. Elle est liée à lui ainsi que la forme l’est au marbre de la statue. Comme nous sommes la mesure de toutes choses, nous rapportons à notre durée celle des événements de notre monde. Nous nous servons d'elle comme d'unité dans l'évaluation de l'ancienneté de notre planète, de la race humaine, de notre civilisation. C'est la longueur de notre propre vie qui nous fait juger courtes ou longues nos entreprises. Nous nous servons à tort de la même échelle temporelle pour apprécier la durée d’un individu et celle d’une nation. Nous avons pris l'habitude de considérer les problèmes sociaux de la même façon que les individuels. Nos observations et nos expériences sont donc trop courtes. Elles n’ont, pour ce motif, que peu de signification. Il faut souvent un siècle pour qu’un changement dans les conditions matérielles et morales de l'existence humaine donne des caractères nouveaux à une nation.

Aujourd’hui, l'étude des grands problèmes économiques, sociaux et raciaux repose sur des individus. Elle est interrompue quand ces individus meurent. De même, les institutions scientifiques et politiques sont conçues en termes de durée individuelle. Seule,

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