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L'HOMME, CET INCONNU

ou nerveux, Les différents groupes cellulaires enregistrent chacun à leur manière le temps physique. La valeur du temps pour les cellules des nerfs et des muscles s’exprime, comme on le sait, en unités appelées chronaxies. L’influx nerveux se propage entre les éléments qui ont la même chronaxie. L'isochronisme ou l’hétérochronisme des cellules joue un rôle capital dans leurs fonctions. Peut-être cette appréciation du temps par les tissus parvient-elle jusqu’au seuil de la conscience. Ce serait à elle que nous devrions l'impression indéfinissable d’une chose qui coule silencieusement au fond de nous, et à la surface de laquelle flottent nos états de conscience comme les taches de lumière d’un projecteur électrique sur l’eau d’un fleuve obscur. Nous savons que nous changeons, que nous ne sommes pas identiques à ce que nous étions autrefois, et cependant que nous sommes le même être. La distance à laquelle nous nous sentons aujourd’hui du petit enfant, qui jadis était nous-même, est précisément cette dimension de notre organisme et de notre conscience que nous assimilons à une dimension spatiale. De cette forme du temps intérieur, nous ne savons rien, si ce n’est qu’elle est à la fois dépendante et indépendante du rythme de la vie organique, et qu’elle se meut de plus en plus vite à mesure que nous vieillissons.