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L'HOMME, CET INCONNU

fonctionnelles, des tissus et des organes. On observe ces phénomènes organiques dans les circonstances les plus variées, parmi lesquelles se trouve l’état de prière. Il faut entendre par prière, non pas la simple récitation machinale de formules, mais une élévation mystique, où la conscience s'absorbe dans la contemplation du principe immanent et transcendant du monde. Cet état psychologique n’est pas intellectuel. Il est incompréhensible des philosophes et des hommes de science, et inaccessible pour eux. Mais on dirait que les simples peuvent sentir Dieu aussi facilement que la chaleur du soleil, ou la bonté d’un ami. La prière qui s'accompagne d’effets organiques présente certains caractères particuliers. D'abord, elle est tout à fait désintéressée. L'homme s’offre à Dieu, comme la toile au peintre ou le marbre au sculpteur. En même temps il lui demande sa grâce, et lui expose ses besoins, et surtout ceux de ses semblables. En général, ce n'est pas celui qui prie pour lui-même qui est guéri. C’est celui qui prie pour les autres. Ce type dé prière exige, comme condition préalable, le renoncement à soi-même, c’est-à-dire une forme très élevée de l’ascèse. Les modestes, les ignorants, les pauvres sont plus capables de cet abandon que les riches et les intellectuels. Ainsi comprise, la prière déclenche parfois un phénomène étrange, le miracle.

Dans tous les pays, à toutes les époques, on a cru à l’existence des miracles[1], à la guérison plus ou

  1. Les guérisons miraculeuses se produisent rarement. Malgré leur petit nombre, elles prouvent l'existence de processus organiques et mentaux que nous ne connaissons pas. Elles montrent que certains états mystiques, tels que l'état de prière, ont des effets très définis. Qu'ils sont des faits irréductibles, dont il faut tenir compte. L'auteur sait que les miracles sont aussi loin de l’orthodoxie scientifique que la mysticité. Leur étude est plus délicate encore que celle de la télépathie et de la clairvoyance. Mais la science doit explorer tout le domaine du réel. Il s’est efforcé de connaître ce processus de guérison des maladies, au même titre que les processus habituels. Il a commencé cette étude en 1902, à une époque où les documents étaient rares, où il était difficile pour un jeune docteur, et dangereux pour sa future carrière, de s'occuper d’un tel sujet. Aujourd’hui, tout médecin peut observer les malades amenés à Lourdes, et examiner les observations contenues dans les archives du Bureau Médical. Une association médicale internationale, ayant de nombreux adhérents, s'intéresse spécialement à ces guérisons. La littérature qui s’y rapporte est assez vaste. Les médecins s'en occupent davantage. Plusieurs cas de guérison ont été l'objet, à la Société de Médecine de Bordeaux, d’une discussion à laquelle ont pris part des médecins éminents. Enfin, le comité Médecine et Religion de l'Académie de Médecine de New-York, présidé par le Dr Frederick Peterson, a jugé utile d'en voyer à Lourdes un de ses membres, avec mission de le renseigner sur les faits observés.