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postiers qui servent dans les localités bombardées[1].

— Sur le déjeuner Joffre à l’Élysée (24 mars). Tous les ministres, sauf Sembat. Comme quelqu’un parle des opérations du prochain hiver, Joffre se retourne indigné et dit : « Mais, monsieur, la guerre sera achevée en octobre prochain. »

Il veut une offensive sur notre front. Pour lui, Perthes est un succès. Il médit des Anglais. Il veut leur refuser l’usage de Dunkerque et Calais, risquant ainsi de les voir diminuer leurs apports futurs en hommes. Cependant, il sourit à l’idée de les commander en chef. Pour lui, c’est un point capital.

Il prévoit deux offensives importantes avant la fin. Ribot voudrait autre chose que ces offensives. Mais les autres ministres souhaitent une victoire « bien française ». Ribot, agacé, dit : « En somme, nous n’avons besoin ni des Russes, ni des Anglais ? » Joffre proteste. Il y a des moments où il dit qu’il se fera tuer, ou bien où il veut rendre son tablier. Viviani a posé quelques questions et puis s’est tu. Briand a discouru. Enfin, on ne tentera rien d’autre que ces offensives.

Joffre a proclamé le moral excellent des troupes et le découragement des Allemands, dont les officiers se rendent.

La question balkanique ne l’intéresse pas. « C’est un théâtre secondaire. »

Quant à l’armée de seconde ligne, elle est dans les limbes.

— Le 25 mars, j’apprends une grosse négociation en train avec l’Italie. De ce Conseil du 25, un ministre

  1. Ces missions se sont poursuivies, au cours de 1915, sur tout le front, de l’Alsace à la mer. Leur récit devra faire l’objet d’une publication spéciale.