Page:L'envers de la Guerre - Tome 1 - 1914-1916.djvu/96

Cette page a été validée par deux contributeurs.

puis à l’étage supérieur de la bibliothèque où elle fait écrouler les piles de livres, etc.

— Les journaux commencent une campagne pour l’annexion du pays jusqu’au Rhin. Et c’est l’étalage de fausse science, les preuves que les pays cisrhénans étaient Gaulois il y a 2.000 ans, 3.000 ans, bref l’odieux langage tenu par l’Allemagne, il y a 45 ans, pour justifier l’annexion de l’Alsace-Lorraine.

— Un homme d’âge moyen a vu des faits qui n’ont pas leur équivalent dans le passé connu : la première auto, le premier aéroplane, le premier sous-marin, les télégraphies, la crise morale de l’affaire Dreyfus, l’inondation de Paris en 1910, et une guerre qui ensanglante la moitié de la planète.

— Conseil des ministres du 18 mars. Il est question de réunir un conseil des généraux d’armée. Millerand prétend qu’ils se rangeront tous à l’avis du généralissime. Il cite l’exemple d’un conseil d’amiraux, présidé par l’amiral Boué de Lapeyrère. Tous approuvèrent leur chef. Il ajoute : « Ah ! j’oubliais. Un seul fut d’avis contraire. Il fut disgracié. » Ceci était décoché à l’adresse d’Augagneur, partisan du conseil des généraux et ministre de la Marine.

Cet essai est inspiré par le besoin de « faire quelque chose ». Mais on n’aboutit pas. Enfin, on décide que Joffre viendra déjeuner à l’Elysée le prochain dimanche.

— L’exaltation patriotique s’accroît chez ses fidèles. Une dame me parle d’un homme dont le fils, infirmier, a regagné Paris dans une crise panique. « Cet homme — le père — n’a plus qu’à se tuer », me dit-elle ;

— L’indifférence pour la mort grandit aussi. Les 27.000 victimes de Perthes ne comptent plus. Il n’y