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lainages chauds, parce que non réglementaires. D’autres interdisent les faces rasées. L’un d’eux tombait en attaque devant un malheureux rasé, en criant : « Oh ! un clown ! »

— La Mi-Carême (11 mars) a passé aussi inaperçue que le Mardi gras.

— On fait d’inévitables plaisanteries sur le pain K. K. (Korn und Kartoffel). Loti rapporte que la petite-fille du général C…, quand elle veut aller aux W.-C., demande à « aller faire du pain pour les Allemands ».

— L’ex-ministre Baudin est envoyé en mission en Argentine. Il prend ombrage de la présence là-bas de Caillaux, ancien président du Conseil, auquel il devrait céder le pas. Puis Baudin, à cause des nombreux vaisseaux coulés par les Allemands, demande à partir sur un navire neutre, convoyé par un bateau de guerre.

— Rétrospectivement, je note que les cadeaux envoyés pour Noël en Argonne n’arrivèrent pas pour cette date, parce qu’une offensive décidée pour le 15 décembre 1914 reléguait au second plan le transport des colis.

— Le docteur C… raconte des cas nerveux. L’homme qui est devenu muet d’horreur, la cervelle de son camarade ayant sauté sur son pain. L’homme qui reste contracté, depuis que son frère est mort près de lui à l’assaut sans qu’il ait pu l’assister, pressé par l’adjudant d’avancer.

Il note qu’aux armées les officiers s’interdisent de parler entre eux de la fin de la guerre. On paye d’une amende ce délit.

Il avoue le pillage des vins, victuailles, objets utiles.

— Les frères Isola, anciens prestidigitateurs,