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très vive. Soit qu’ils se rappellent 1870, soit qu’ils saisissent cette suprême occasion d’être passionnés. Mais Briand eut sa revanche. Une délégation des sénateurs vint le voir à propos du moratorium des loyers. Eux aussi invoquaient le droit et la raison. Il leur répondit qu’ayant été si mal venu à défendre devant eux ces mêmes principes de justice, il craignait de ne pas pouvoir leur donner satisfaction.

— Titre de feuilleton : Sous la Rafale.

— La nuit historique où Foch adjura French est colportée par des lettres identiques tapées à la machine et partout répandues. Il semble qu’il y ait là une sorte de « boule de neige » pour préparer l’opinion à l’apothéose de ce général.

— On dit qu’il faut dépenser pour faire marcher les affaires. La reprise de la vie économique consiste à ne pas faire d’économies.

— Discutant si les femmes violées peuvent se faire avorter, on émet doctement : « Non ; il faut respecter la vie humaine. » On respecte la vie humaine de pauvres fœtus dont l’existence ne sera qu’une longue misère. Et on ne respecte pas la vie humaine des gars de vingt ans, de ces gars qu’on voit passer en régiments, têtes rondes, joues rouges, râblés, solides, candides, que le stupide assassinat des batailles va faucher.

— Il paraît qu’il y a des femmes d’officiers qui ont suivi leur mari depuis le début de la campagne, se condamnant à rester enfermées toute la journée dans une chambre de ferme et n’en sortir qu’à la nuit close.

— Je rentre à pied. Entre l’avenue du Bois et l’École militaire, à peine ai-je rencontré deux passants. Il n’était pas onze heures du soir. L’obscurité