une auto de 200 chevaux. Il rêve aussi un dessin représentant Diogène avec cette légende : « Je cherche un homme et je ne trouve que des héros. »
— Le 27. J’accompagne à Villers-Cotterets Mme Thomson qui opère la jonction du sous-lieutenant Jacques M… et de sa maman. (C’est une faveur qu’elle a obtenue de Joffre.) Notre auto traverse des villages comme Betz, où l’on voit des maisons incendiées. À Villers même, beaucoup de soldats, de gendarmes. À l’hôtel de la Chasse, la mère et le fils, qui ne s’étaient pas vus depuis sept mois, sont réunis. Déjeuner. Le sous-lieutenant a bonne mine. Il dit la retraite de Charleroi, 50 kilomètres par jour, s’appuyant sur son fusil et sur un bâton. On éclatait en sanglots à l’étape. On était trop fatigué pour souffrir. Et enfin, on retrouve des forces pour refouler les Allemands. Dans l’affaire de Crouy, il dit sa veine d’avoir échappé, les balles tombant tout autour de ses pieds, lui « prenant mesure ». Et cet ordre de retraite qui leur parvint à 100 mètres de la cote 132, où l’on savait aller à la mort. Sa curiosité se porte sur les alliés, les neutres, les projets d’offensive. Il n’y a chez lui aucune jactance et il demande de rester au front même s’il change d’emploi. Il avoue le pillage où chacun prend dans les maisons le nécessaire : linge, livres. Certains y ajoutent le superflu. Il explique cela par le fait que les corps disciplinaires ont été reversés dans les régiments. De véritables trafics se sont établis : on revend à des civils. Et puis, on a fait meilleur marché de la vie et des choses. Tout vaut moins.
L’atmosphère de cette petite ville, à 15 kilomètres des tranchées, est calme. J’ai eu l’occasion de croiser devant le Quartier Général. Pas d’esbroufe. Pas de