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pénombre « le drame immense de l’arrière », pour aider à le diffuser, que j’ai résolu de publier ces Notes.

Devais-je leur laisser la forme cursive que je leur avais donnée, au jour le jour, dans la guerre même ? J’ai pris, en particulier, l’avis d’un homme dont j’admire également la carrière et l’intelligence, l’illustre H. G. Wells. Je lui ai soumis les Notes de trois mois pris au hasard. Voici son opinion écrite : « Matière merveilleuse pour la publication et d’une valeur extrême au point de vue historique. Le ton, bref, sec, sagace, est complètement nouveau et l’œuvre tout entière excessivement intéressante. Elle doit être publiée telle quelle. »

Je n’ai donc pas modifié la forme de mon journal. Je me suis borné à élaguer, à pratiquer des coupes, à enlever les broussailles et les piquants… Certains me reprocheront peut-être d’avoir laissé des propos de politiciens qui parlaient librement devant moi, au cours d’un repas ou d’une réunion intime. Mais, à mon sens, tout homme public appartient à l’histoire. Ses discours familiers complètent sa physionomie. D’ailleurs, dans les milieux où j’évoluais à cette époque, on savait que je tenais un journal. Des centaines, des milliers de fois, lorsqu’on me signalait un trait, une anecdote, j’ai entendu cette phrase : — Corday, pour vos Notes…