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JANVIER 1915


— Les guerriers veulent briser tout ce qui les entrave aux armées. D’où l’exclusion de la femme légitime. Pour eux, tendresse vaut faiblesse. Ils luttent contre le sentiment, contre les qualités civilisées, acquises. Ils veulent le retour à la rudesse des premiers âges. Pas d’amantes, pas d’artistes. C’est ainsi qu’à Saint-Pol, le commandant d’armes fait reconduire à la gare la femme d’un commandant, venue voir son mari blessé, à l’hôpital.

— Extraordinaires aventures de G…, ancien sous-préfet. Il est caporal quand Douai est envahi en octobre 14. Il se cache la nuit dans un square, est recueilli par une femme, s’improvise clerc d’huissier, est pris aux environs d’Arras, condamné à mort comme espion par les Allemands, bien qu’il ait failli attendrir ses juges par les photos multiples de son enfant, qu’ils prenaient pour les photos de nombreux enfants. Enfin il flatte dans son orgueil le lieutenant Von Oppel, qui prit Lille, en le comparant à Murat. Il est gracié à l’occasion de la prise d’Anvers. Mis à l’hôpital, il se sauve, erre jusqu’à Reims, remonte jusqu’à Bruxelles par les Ardennes (où il découvre des soldats français cachés), passe en Hollande, Angleterre, France. L’État-Major apprécie ses renseignements, lui donne la médaille militaire et l’envoie porter