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Nous en avions assez. — Delcassé, en voilà un qui sera dur, pour les conditions de la paix ! Ah ! ce n’est pas l’ami du kaiser ! »

— Visite au château de Blaye, qui contient 800 prisonniers allemands. Un vieux commandant de gendarmerie en fait les honneurs. Il interroge ces hommes avec une sévérité paternelle. Ceux qui parlent français répondent avec un empressement souple. L’un d’eux dit qu’il est « négoziant, mon commandant ». Les autres rient, se poussent du coude, amusés, comme de grands gosses. Et sur notre passage, ils accourent, claquant l’un contre l’autre leurs talons ferrés, tandis que le vieux commandant les salue gravement.

— Une maman, répétant ce qu’écrit son fils, dénigre les Anglais asservis à leurs coutumes, le thé, le tub, perdant ainsi des tranchées qu’il faut reprendre.

— Dans les milieux comme la Croix-Rouge, la légende s’accrédite que le Parlement a refusé les crédits en temps de paix pour l’artillerie lourde.

— Les journaux publient une lettre d’une mère : « J’ai sauvé mon fils jusqu’à 17 ans de toutes les maladies. J’en suis heureuse, puisque je puis aujourd’hui offrir sa vie à la patrie. »

— Les médecins constatent que les périodes mensuelles des femmes ont été bouleversées par la guerre.

— On ne peut pas dire : que quiconque a quatre fils mobilisés devrait en avoir un à l’abri.

— Un magasin annonce une mise en vente d’eau de Pologne.

— À déjeuner, les deux présidents des deux Chambres. Un Deschanel très frappé, très pathétique, un peu grandiloquent. Quant à Antonin Dubost, une ruine.