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rares, tendus de tapisseries vénérables, des hommes vêtus de linges de femme pris dans les villages.

— On me cite aussi des trêves entre tranchées ennemies, par exemple pour aller prendre, par le grand froid, de la paille d’une meule placée entre les deux lignes.

— On cite aussi ces troupes ennemies, si lasses, pendant la retraite de Charleroi, qui, un soir, dans un village, firent semblant de ne pas se voir, glissèrent l’une contre l’autre, dans l’ombre.

— Une des causes certaines de la guerre, c’est d’empêcher à tout prix l’application de l’impôt sur le revenu, qui devait dater du 1er  janvier 1915.

— On dit que des soldats lèvent la main gauche dans les tranchées. Une balle s’y loge. C’est la blessure heureuse, la bonne blessure, très recherchée.

— L’astronome Normann, patronné par Painlevé, a inventé un repérage phonétique des batteries ennemies. Il se heurte au mauvais vouloir des artilleurs, qui poursuivent des expériences analogues, servent mal ses essais, lui prêtent des canons inutilisables, etc.

— La tranchée est un sillon où fermentent 2 millions d’hommes. Quelle sera la moisson ?

— On dit : « C’est guerre » ou « Ce n’est pas guerre ». Le champagne n’est pas guerre. Alors on le boit en carafe ou on le remplace par du Corton.

— Propos de couloir de wagon : « À Esternay, on a violé des femmes sous les yeux de leur mari. Espérons que nous aurons notre tour. — Ils criaient : Amis, camarades. Mais, deux mois avant, ils nous avaient trompés. Alors, on les a tués tous les soixante. — Joffre fait de jeunes généraux, comme Napoléon. — Nous travaillons pour nos enfants. — Depuis 70, nous tremblions sous les menaces des Allemands.