m’ont pris mes provisions, mon argent, mes marchandises… Et puis ils ont emmené mon mari. »
— Le fils d’un avocat à la Cour de cassation était élève-officier. Cela retardait son départ au front. Il se fait rayer pour partir plus vite. Son père le lui reproche : « Tu aurais pu me prévenir. » Il répond : « Question personnelle. » Étrange problème : quelle part devraient avoir les êtres aimés dans ces décisions ? L’amour de la patrie doit-il l’emporter sur toutes les amours ?
— Lettre d’un médecin de Vichy, pacifiste. Il se reconnaît une mentalité nouvelle, avide de vengeance et de férocité. D’autre part, il se plaint qu’on raconte à la foule, non la vérité, mais des fables.
— Une histoire abominable, rapportée de Paris. Une mère veut voir son fils aux tranchées. Refus. Elle se déguise en soldat, arrive aux lignes, fait avertir son fils par un camarade. Ils se voient une heure. Mais l’ennemi a attaqué. Abandon de poste. Le soldat est fusillé.
— Dans une maison pillée, le propriétaire retrouve tout, en tas, et en plus, un énorme stock de conserves laissé par les Allemands.
— Autre maison pillée. Le propriétaire avait six gravures rares. Il doutait de deux d’entre elles. On ne lui a laissé que ces deux-là.
— Les ministres sont ombrageux pour ceux d’entre eux qui vont à Paris. Ils tremblent de les voir pactiser avec ce pouvoir civil qui s’est installé au Lycée Duruy — affaires civiles du camp retranché — vrai ministère à tendances réactionnaires.