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— Sixte-Quenin publie une brochure où il dit que « le peuple accueille la guerre avec une résignation sombre et que les feuilles cléricales l’accueillent avec des cris d’allégresse, comme une messagère depuis longtemps attendue ».

— Le 14. Les journaux allemands ont publié l’aveu du bourgmestre de Nuremberg, que les avions français n’étaient pas venus sur cette ville au début. Or, c’est une des raisons de la déclaration de guerre. Les journaux français font un discret silence là-dessus. Pourquoi ? N’est-ce pas le désir inconscient de prolonger la guerre, de cacher un fait qui peut être un début d’explication, une occasion de dissiper des malentendus ?

— Dans ceux qui veulent la paix, il y a ceux qui pâtissent et ceux qui compatissent.

— On disait qu’après la mort de Kitchner, l’Angleterre filait un mauvais coton. À quoi quelqu’un répond qu’il faut toujours qu’elle file du coton.

— Tristan, en allusion au grand nombre de troupes du Midi qui se seraient rendues, dit que la gare la plus encombrée de colis à destination des prisonniers est celle de Marseille.

— Signoret me dit deux traits de son camarade L… L’un : « Ah ! quelle gaffe on a commis, au début de la guerre ! Sans elle ce serait fini. — Mais. quelle gaffe ? — La Marne ! » L’autre : « Les Allemands arrivent toujours à leurs fins. S’ils veulent la paix cette année, ils l’auront. »

— La chute de Salandra n’émeut personne. On dit aussitôt : il fait place à un ministère plus belliqueux.

Mme  B… lit des lettres de son fils. Il cite deux circulaires du général C…, l’une ordonnant aux hommes, au lieu de se plaindre de la nour-