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— À Armenonville, nous vîmes arriver un merveilleux cavalier, ganté dans un uniforme ineffable et dansant sur un pur-sang. Richard me dit : « C’est un interprète à la gare P.-L.-M. »

— Toujours des bruits noirs sur Verdun.

— Le 4. La bataille navale du Jutland eut un sort singulier. Le premier jour, les Anglais annoncent froidement leurs pertes, les Allemands illuminent, donnent congé aux écoles, si bien que c’est une défaite anglaise. Puis les pertes s’équilibrent. Et enfin aujourd’hui nos journaux annoncent une victoire anglaise.

Tristan Bernard me rappelait à ce propos le mot de Napoléon dans le Mémorial : « Il n’y a de victoires que celles qu’on proclame. » Tristan ajoutait que Salamine et Marathon furent des victoires grecques parce que les Grecs avaient une presse mieux organisée que celle des Perses.

Le but de la rencontre du Jutland était, dit-on, de permettre à deux croiseurs allemands de rompre le blocus et d’aller vers Arkangel couler des transports russes.

— Le 3 juin, le ministère semblait moribond. La gauche démocratique du Sénat lui aurait porté un coup fatal. À propos du Comité secret, on y sortit une lettre où Galliéni attirait l’attention de Joffre sur la menace qui pesait sur la région de Verdun-Arraucourt et sur le peu de défense de ladite région. Joffre répondit sur un ton singulier, demandant le nom des officiers qui colportent de tels on-dit, auxquels il n’attachait d’ailleurs pas d’importance.

— Briand est à Londres pour secouer les Anglais et leur demander d’agir. Ils ont peu de combattants à Salonique.