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mergue, dont Caillaux serait en fait le vrai premier ministre.

— L’uniforme se surcharge. Après les galons, les médailles, après les chevrons de séjour et de blessures, voici la fourragère, à porter par tout corps cité à l’ordre du jour.

— Revue de Rip à Marigny. On évite d’y flatter le chauvinisme. Je note une scène : les animaux se félicitent de n’être plus chassés. « Enfin les hommes sont venus à la douceur, à la paix, ils sont civilisés. »

— La petite partie sauvegardée de la Belgique est flamande. Les Wallons s’y sentent si peu chez eux que l’un d’eux, s’installant au Tréport après avoir séjourné à Furnes, dit : « Ici, au moins, on se sent chez soi. »

— Le 29. Les prêtres traquèrent Galliéni jusqu’à la mort. Dans son agonie, il les vit à son chevet, se dressa : « Qu’on me laisse tranquille. » Ils revinrent la nuit et lui donnèrent l’absolution à travers la porte de la chambre.

— Visite au médecin-inspecteur Vincent, qui a créé un des vaccins anti-typhiques. C’est un homme doux, fin, humain. Nous causons dans son Institut du Val-de-Grâce. Il avoue qu’il y eut 40.000 cas de typhoïde à Bar-le-Duc fin 1914 et laisse entendre que bien des médecins étaient hostiles au vaccin. « Si on n’avait pas vacciné alors, il n’y aurait plus d’armée. »

— Le 31. Richard m’invite, avec le député-colonel-aviateur Girod, à Armenonville. Girod dit son goût de l’aviation, ses ennuis, lors du premier raid de zeppelins à Paris, où blessé, couché, on le rendait responsable du manque de défense comme commandant du camp retranché. À une table voisine, déjeunent trois petits aviateurs de vingt ans avec trois