« Vous voyez que votre roman prend un intérêt extraordinaire dans les circonstances actuelles. Il y a longtemps que je n’en ai pas lu de plus captivant. »
J’aurais voulu aller en Suisse pour connaître ce milieu et collaborer à son œuvre. Mais j’ai dû consulter le ministre Painlevé et il m’a demandé de me borner à envoyer, par une personne sûre, une réponse purement théorique.
— À propos de l’article du Matin sur les débuts de Verdun. Une note communiquée par l’Intérieur, mais évidemment inspirée par l’entourage de Joffre, proteste contre l’intention du G.Q.G. de se replier derrière la Meuse.
— Une affiche, sur un mur, à Serbonnes, annonce une vente de matériel de ferme après décès. C’est l’épilogue d’un des innombrables drames de la guerre. Le mari tué au feu, la femme s’est jetée à l’eau. Il reste trois petits. On vend.
— Poincaré prononce à Nancy un aigre discours où il décrète que l’Allemagne devra demander la paix, et non l’offrir. L’académicien Boutroux approuve, dans la Revue des Deux Mondes. Le directeur de La Liberté applaudit le discours et l’article : « Le mot paix sera dérisoire dans une bouche allemande tant qu’elle aura des dents. » C’est une loi fatale qu’on est d’autant plus affamé de guerre qu’on est plus réactionnaire.
— Le 15. Clemenceau au Sénat, Maginot à la Chambre, menacent de sortir de tels papiers que gouvernement et haut commandement en sauteront.
— Le 16. Téléphonage avec Accambray. La Commission de l’Armée s’est réunie le samedi 13. Tardieu nie être l’auteur de l’article du Matin sur Verdun. Briand et Roques sont interrogés sur l’origine de ce papier. Briand se défend de l’avoir inspiré. Il accuse