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Liberté dit : « Parbleu ! Cela devait arriver. Ils s’étaient plaints insolemment de vivre sous le même toit que leurs hommes. » Et le même numéro de ce journal applaudit « les courageux officiers français qui viennent de brûler la politesse aux Boches ».

— Barthou dit que Briand ne saurait durer, qu’il faut des hommes d’action. Il examine les présidents du Conseil possibles et brusquement : « Qu’est-ce que tu penserais de moi ? », demande-t-il à son interlocuteur. Ce dernier répond qu’il faudrait un homme décidé à changer le haut commandement, que Barthou gouvernant avec les droites, prendrait difficilement cette résolution, qu’il aurait contre lui les socialistes et ceux des radicaux qui suivent Caillaux. Barthou réplique qu’il aura pour lui les deux tiers des socialistes, et que, devant l’énergie de son action — entendait-il par là une rénovation du haut commandement ? — il serait suivi.

— C… essaya de décider le philosophe Bergson à écrire une lettre à Balfour, où il proposerait que les Alliés actuels signassent dès maintenant une alliance pour le temps de paix. Bergson parut séduit.

— Le 16. À un déjeuner offert aux représentants alliés aux Inventions, je dis à Painlevé l’opportunité d’un discours de Briand dans le même sens qu’Asquith. Il s’y rallie chaleureusement.

Le Journal signale une lettre du pape aux juifs d’Amérique, où il dit qu’il est temps pour les hommes de rentrer dans la voie d’amour. Jouerait-il son rôle de messager de paix ?

— Plus tard, en lisant les articles sur les taxations, la vie chère, on s’imaginera de vives et sensibles souffrances populaires. Or, en ce printemps 1916, nul signe extérieur de cette souffrance. L’observation directe, les rapports des commerçants, des