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convie alors ces jeunes gens à venir causer avec lui et il leur montre le danger de ces aventures. Tous, pénétrés de leur prestige, déclarent qu’ils sont aimés pour eux-mêmes, que la dame est la plus honnête du monde.

Il conte aussi cette sinistre anecdote. On fusille un espion à Lyon. On a écarté la foule du champ de supplice par une haie de soldats. Quand le condamné arrive, escorté de deux agents, ceux-ci ont bien un coupe-file, mais le condamné n’en a pas. On ne veut pas lui laisser franchir la haie. Dix minutes, on parlementa. Vainement le condamné invoquait ses titres et ses droits…

— Le 10. Galliéni resterait dix jours encore. Aux raisons de maladie, s’ajoutent des « frictions » avec le G.Q.G. On met en avant les noms de Noulens, Lebrun. Et aussi la combinaison Briand à la Guerre et Bourgeois au Quai d’Orsay. Quant à Lyautey, il perd du terrain à la Chambre, où on le sait mal disposé pour les parlementaires.

— Un certain coiffeur a deux frères soldats, l’un mitrailleur, l’autre musicien. Il les déclare également utiles, car les musiciens seront nécessaires pour l’entrée à Berlin. Voilà l’état d’esprit créé et entretenu par la Presse.

— Le 14. Avec le colonel M… chez Prunier. Il dit que les Allemands auront Verdun s’ils y mettent le prix et que s’ils n’ont pas pris Reims, Soissons, Arras, c’est qu’ils n’ont pas poussé à fond. Il confirme que, depuis deux mois, l’état de santé de Galliéni a nui à son effort. Par ailleurs, la comparution devant les commissions parlementaires l’écœurait.

Puis M. conte des histoires de méridionaux. Celui qui se justifie : « J’étais seul. Ils étaient 40.000. Qu’est-ce que vous auriez fait à ma place ? »