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la rapide retraite initiale, où on abandonna un énorme matériel, notamment du fil barbelé qui manque aujourd’hui.

Une des grandes difficultés de la défense de Verdun, c’est l’unique voie ferrée qui la dessert. Souvent, l’attention de l’État-Major fut attirée sur ce péril. Réponse : il faudrait deux ans pour doubler la voie. Aujourd’hui, sous la pression des événements, les mêmes hommes promettent de faire ce dédoublement en deux mois.

Cet État-Major, demandai-je, ne se doutait donc pas que, devant ce désastre, il serait balayé ? Réponse : ils restent imbéciles même dans la panique.

— Galliéni aurait exigé de ses trois sous-secrétaires d’État qu’ils donnent chaque soir leur « emploi du temps ». Ils ont voulu démissionner.

— De pieuses infirmières disent : « Nous sommes bien heureuses. Depuis longtemps, le général de Castelnau pressait Joffre de se confesser. Enfin il a consenti. C’est fait. Nous voilà sûres de la victoire. »

— Eh oui, il y aura eu une mode pendant la guerre, et non point une mode qui soit le prolongement de celle de la paix, mais une mode créée de toutes pièces, qui fait aux femmes une silhouette de cigale en goguette, jupe courte et ballonnée, chevilles haut guêtrées, petit chapeau à antennes, corselet court et dos courbé. Et une mode qui n’est pas seulement suivie par quelques étrangères et quelques grues, mais par des centaines de milliers de femmes. On les défend : « Cela fait marcher le commerce. » Allons donc ! Cela prouve que la frivolité et l’ostentation ont repris leurs droits et font oublier la guerre !

— On prévint ces jours derniers le préfet de police et le directeur de la Sûreté Générale qu’ils eussent