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posé l’ultimatum et annoncé sa démission au cas où la discussion aurait lieu.

Painlevé, parlant de ces 200 voix contre le ministère, dit drôlement : « En somme, ce sont les 200 voix que j’avais avec moi quand je faisais de l’opposition. »

— Une petite affaire à laquelle Accambray m’a mêlé. Le dimanche 13, je suis à Serbonnes. Il me téléphone de la Chambre, me demande de revenir d’urgence pour l’assister dans une affaire d’honneur. J’accepte par amitié, tout en déclarant que j’ignore les modalités de ces affaires. Le lundi, je vais prendre un express à Sens. Accambray m’attend à la gare P.-L.-M. Victor Margueritte, son premier témoin, nous rejoint. Nous dînons dans un petit salon au buffet. Accambray nous met au courant. Son collègue Daniel-Vincent lui a retourné une lettre sans l’ouvrir. Il se considère comme offensé. D’ailleurs les deux hommes ont eu déjà de petits différends. Bref, le mercredi 16, nous nous rencontrons avec les témoins de Daniel-Vincent : Maginot et Henri Simon, chez Maginot, blessé de guerre et encore étendu. Entrevue courtoise, où domine l’opinion que cela ne vaut pas rencontre. Le mot de la fin est donné par un ancien ministre qui, jugeant le duel inopportun dans les circonstances actuelles, déclare sans ironie : « On ne se bat pas pendant la guerre. »

— Une auto ramenant de jeunes aviateurs à Châlons est arrêtée dans la nuit opaque par un officier encapuchonné qui demande une place. On la lui offre, on se lie et les jeunes gens, au débarqué, proposent : « Si on allait au bordel ? » À quoi l’inconnu : « Je suis l’aumônier. »

— Envoyé près du colonel Appert, au service technique du Cabinet d’Albert Thomas, je rencontre un de ses collaborateurs, Bourey, qui me montre des