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écrié : « En octobre ? Mais la guerre sera finie depuis le mois de juin. »

— Le 2. Déjeuner avec Accambray chez les Victor Margueritte. On se demande s’il n’y a pas, dans l’origine et la conduite de la guerre, une sourde inspiration catholique, soufflée à Castelnau par son confesseur. Le mot d’ordre serait celui que murmuraient les bigotes de Lourdes.

Victor raconte que Joffre aime dormir après son déjeuner et que, pour masquer et bercer cet auguste sommeil, il s’enferme dans sa limousine qui va doucement à travers la forêt de Chantilly jusqu’à ce que le général, réveillé, frappe au carreau. On rentre, à toute vitesse.

Accambray et moi, nous évoquons la légende de Fontainebleau, au temps où nous y étions sous-lieutenants-élèves : Joffre, alors professeur de fortification permanente, est trouvé étendu dans la forêt. D’après les officiers du cadre de l’École, il s’est heurté à une branche d’arbre pendant une promenade à cheval. La version des élèves, c’est qu’il a voulu se tuer pour une petite marchande de journaux, la jeune Berlingard, qui réservait ses faveurs aux élèves, en particulier à notre camarade Mailloux. Il s’est manqué. Et un convive dit en commentaire : « Décidément, il rate toujours ses offensives. »

— Chaque séance de la Commission des Inventions signale une découverte encore secrète : le fusil lance-grenade, le caterpillar (véhicule blindé qui franchit les tranchées).

— Quand Clemenceau fut au front récemment, le général Z… lui refusa l’accès des tranchées. Clemenceau, devant Z… demanda le G.Q.G. au téléphone. Il eut un colonel au bout du fil et lui dit : « Je suis M. Clemenceau. Voulez-vous dire au géné-